1. A monsieur l'avocat de la rue « Justice », n'importe quel numéro.
Qu'est-ce que le monde ? Que sommes-nous, en fait, nous les gens ? Tout est un jeu... et toi, tu as perdu ! Tu as perdu ta femme, ton lieu de travail, l'argent, le prestige, ta vie... Oui, tu as perdu ! La seule chose que tu aies gagnée, c'est moi. Tu m'as gagné, tu as gagné le droit de mourir avant de te rendre compte de l'ordure où tu es, de la misère où tu vas te débattre avant de voir les papiers du divorce avec sa signature en bas de la page, avant de compter les derniers sous, avant de te voir humilié par tes anciens collègues. Je suis le seul que tu puisses remercier, parce qu'en effet je t'ai volé tout, mais, je t'ai donné la chance de mourir vite et inconsciemment.
Tu te demandes peut-être ce qui va se passer à ton enterrement... si tu auras une bonne ou mauvaise mine... qui va pleurer... qui va regretter que tu les aies quittés ? Même moi, j’en suis curieux : qui vraiment ? Ta femme, après l’avoir trouvée habillée d’une manière indécente, au lit, avec ton meilleur ami ? Qui ? Le président du barreau qui t’a mis à la porte pour n’avoir pas voulu faire son jeu pendant le procès de ce jeune homme ? Le voisin de vis-à-vis ? La serveuse du café où tu lis ton journal chaque jour ? C’est toi, seulement toi qui auras pitié de toi-même ! Tu vas essayer de trouver quelque chose de bon dans tout ce que tu as perdu : une vie comblée de rêves, un chemin qui n’a aucun sens. Maintenant tu essaies de trouver des réponses et des coupables pour ce que tu n’as pas pu être ?
Je te donnerai la réponse lorsque…
(Ecrit par Laura Raicu, une chère amie)
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