Thursday, October 28, 2010

Trois lettres destinées à mes victimes et à la vie 03

3. A mademoiselle Sens, rue de la « Passion »

Les regards dévorants et les mains inconnues qui caressaient ton sexe représentent maintenant pour toi des images qui n’éveillent plus tes sens. Tu aimais l’odeur des parfums chers et raffinés des clients qui cherchaient la volupté dans tes bras ; maintenant tu ne sens que le parfum de la mort, un souffle repoussant et froid qui traverse tous les pores de ta peau inanimée. Tu rêves d’être touchée encore une fois, mais la mort t’enveloppe en ailes de goudron. Les vers caressent ta chair, mais elle te blâme pour ne l’avoir pas laissée gémir sous le frôlement tendre de ces nouveaux inconnus. Qu’aurais-tu pu représenter pour la vie ? Justement ce que tu venais de dire ! Tu n’étais qu’une tranche de chair dont tous, ceux qui voulaient, ont satisfait leurs fantaisies sexuelles. Tu te vendais pour pouvoir vivre… Tu tenais à ton statut de « marchandise » et tu te sentais à l’aise en négociant ta féminité. Croyais-tu avoir toujours le même corps dont tu sois fière ?
Tu pourras dire que je t’ai rendu une faveur : j’ai effacé ton avenir si indésirable. Je t’ai frayé un nouveau chemin.
Qui sait, il se peut que tu trouves des clients même là-bas…

(Ecrit par Laura Raicu, une chère amie!)

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